LE PRINCIPE DE L'UNIVERSALITE

LE PRINCIPE DE L'UNIVERSALITE

La Déclaration Internationale des droits de l'Homme, dans les séances de la Commission des Droits de l'Homme, qui en a adopté le projet final, le 10 Décembre 1948, se proclame "universelle", sur la suggestion de René Cassin, qui depuis de longues années déjà, rêvait de cette appellation. Cette substitution de l'adjectif universelle à "internationale" est un véritable acte de foi qui est dans la ligne de la CHARTE de l'ONU.
La vocation universelle de l'ONU est certaine.
L'article 2§6 déclare que l'organisation fait en sorte que les états non-membres agissent conformément aux principes des Nations Unies, dans la seule mesure, il est vrai, du maintien de la paix. L'ONU se donne ainsi le pouvoir de faire régner la paix universelle.
L'article 55 c va plus loin, précisément en matière des droits de l'homme. L'organisation favorisera le respect UNIVERSEL et effectif des droits de l'Homme et des libertés fondamentales pour tous...Sans doute l'ONU ne s'est guère prévalu de cette disposition, qui pouvait légitimer son droit d'ingérence, en dépit de l'article 2 § 7, pour prévenir et empêcher les génocides en Asie et en Afrique et même en Europe, mais son pouvoir existait.
Aussi bien, la Déclaration donne au principe une porté morale encore plus grande, une transcendance dépassant les espaces politiques et l'inscrivant dans la durée. L'universalité est une façon de traduire l'identité de tous les hommes, de faire de l'individu, une personne reconnue par l'ordre international. Nous ne sommes plus en présence de citoyens, couverts par des patries s'inscrivant dans l'espace mais d'individus, pris dans leur essence commune et éternelle de citoyens du monde, cette nouvelle mère-patrie selon l'expression de Edgar MORIN.
Du reste, la défense de l'universel est toujours une défense de l'individu en tant que tel. Les deux notions sont consubstantielles, étroitement liées. Toutefois, une équivoque subsiste: De quel individu s'agira-r-il:? D'un être abstrait, pris dans sa généralité ou bien d'un être concret, pris dans son corps et sa chair ?
Les déclarations successives de 'l'histoire visent sans nul doute l'être abstrait, dans sa généralité et son abstraction, gage de son universalité. Avec un bémol.
Cet être abstrait a vocation, une simple vocation, à être envisagé comme un être juridique, pouvant être objet de protection de façon concrète et parfois sujet de sa propre protection.

En 1789, les constituants auto-proclament les droits des être humains en tant que tels, libres et égaux en droit par la nature même des choses, et en présence de l'Etre Suprême. Cet aspect métaphysique était nécessaire, en époque de monarchie de droit divin, si l'on voulait s' imposer aux rois, qui se prétendaient représentants de Dieu sur terre, avec un caractère sacré. Il fallait opposer au sacré un autre sacré. L'universalité revendiquée était le signe que l'individu devait être pris en considération par les pouvoirs politiques ou autres. ...Elle devait , hélas, être imposée souvent par la force des baïonnettes ou de la guillotine.

En 1945-1945, l'universalité est proclamée par 56 Etats, pour le compte de tous les peuples. Ceux qui sont libres et ceux qui en sont dépendants par le biais de la colonisation. Elle n'a plus de caractère métaphysique mais constitue un acte de volonté auquel adhèrent par la suite tous les nouveaux états membres, décolonisés ou non. Neutres ou anciens vaincus de la guerre. La vocation à l'universalité est satisfaite par la participation actuelle de près de 2OO états.

On ne déclare plus des droits venus d'ailleurs mais l'on constitue sous prétexte de déclarer et constater ce qui existerait déjà, des droits.Cela devient un acte de volonté multilatérale et universelle. Même si ces droits restent abstraits, ils sont non pas constatés mais créés.
Un nouvel ordre juridique, un état de droit existe désormais dans le monde, supérieur aux ordres nationaux. Le traité multilatéral des Nations Unies, sa Charte, l'emporte en droit sur tous les autres accords internationaux. Une hiérarchie est établie que viendra conforter le Congrès de Vienne, et la notion de jus cogens.( droit impératif)
Sans doute comme l'aurait souhaité René Cassin la déclaration n'est pas incluse en tant quelle dans les obligations des états membres, mais son caractère universel ouvre la porte à une ordre public international protégeant l'individu, dont , pourtant on hésite à l'époque de reconnaître la qualité de sujet de droit, pouvant agir par lui-même,- sauf pour les sujets des territoires sous tutelle et les minorités.(Voir Marc AGI- René CASSIN- ed.PERRIN-Paris 1998.)

C'est un nouvel humanisme qui est né. Un humanisme axé sur l'individu et ses droits à garanties de ses libertés. La Déclaration Universelle des droits de l'Homme de l'ONU, en 1948, en est la charte impérissable, appelée à des développements considérables, à une réflexion permanente, sur les hommes de tous les pays, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest de cette nouvelle "mére-patrie" que constitue désormais le globe terrestre.( Voir Edgar MORIN- la Mére-patrie)

universalité

nf (u-ni-vèr-sa-li-té)

1Caractère de ce qui est universel, général. Que cette Église ait quelque part des membres cachés, qu'elle s'obscurcisse, qu'elle périsse même quelque part, sa perpétuelle universalité ne laissera pas de subsister. [Bossuet, 2e instr. past. 77] Il y a des hommes dont les lumières sont tellement bornées que l'universalité des sentiments est la seule preuve qui soit à leur portée. [Diderot, Suffis. de la relig. nat. n° 8]
2Caractère de ce qui s'étend à un ensemble de lieux, de temps, d'êtres. Il [Jésus-Christ] en régla [de l'Église] la destinée sur la terre (qu'on me permette ce mot), en lui promettant une double universalité, l'une dans les lieux, et la seconde dans les temps. [Bossuet, 1re instr. past. 3] [Jésus-Christ] pauvre véritablement et le plus pauvre de tous les pauvres, parce que tous les pauvres ne souffrent que pour eux-mêmes, et qu'il n'y a que Jésus-Christ qui pâtisse dans toute l'universalité des misérables. [Bossuet, Sermons] La perfection ne regarde pas l'universalité des hommes ni des choses. [Montesquieu, L'esprit des lois] Il [Voltaire] joignait à l'universalité de sa langue son universalité personnelle, et c'est un problème de plus pour la postérité. [Rivarol, Dict. Universalité de la langue franç. p. XXVI.] Il préférait d'interroger le brame sur l'universalité du déluge, qui a excité tant de disputes. [Bernardin de Saint-pierre, La chaumière indienne]
3 Terme de jurisprudence. Totalité. L'universalité des biens.
4Aptitude à toute chose, capacité universelle. Les esprits bornés et resserrés dans leur petite sphère ne peuvent comprendre cette universalité de talents que l'on remarque quelquefois dans un même sujet. [La Bruyère, II] Madame, j'avoue qu'il est assez singulier qu'en donnant la paix aux Turcs, on me donne aussi une traduction d'une comédie ; je vois bien qu'il y a certaines âmes qui ne sont pas embarrassées de leur universalité. [Voltaire, Correspondance] Je me doute bien que vous avez plus d'une affaire en arrivant à Paris ; mais je sais aussi que votre universalité suffit à tout. [Voltaire, Correspondance] Pour vous rendre entièrement universel, il ne nous manque de vous qu'un ouvrage sur la tactique ; je l'attends incessamment comme devant éclore de votre universalité. [Voltaire, Correspondance]
5 Terme de logique. Qualité d'une proposition universelle. Il est vrai que ses idées sont simples, étendues, vastes ; elles partent d'abord d'une grande universalité qui en est comme le tronc, et ensuite se divisent, se subdivisent, et, pour ainsi dire, se ramifient presque à l'infini. [Fontenelle, Leibnitz.]